Roc posado, buitrre negro. 10-09-14. Foto: Mario Álvarez KellerVies parallèles.

Ou plutôt, voies parallèles.

C'est comme si les vautours moines de la colonie pyrénéenne choisissaient d'emprunter des couloirs aériens qui, à la manière des autoroutes, canalisent leurs mouvements de dispersion.

Il s'agit de voyages au long cours, effectués pendant l'étape juvénile et subadulte, spécialement au printemps de la 2e année calendaire. Leur durée fluctue entre une à trois semaines.

Leur fonction écologique est cruciale : expérimenter la navigation à grande échelle et nouer ainsi des contacts avec d'autres noyaux démographiques.

Concrètement, les colonies voisines sont situées à environs 300-400 km de Boumort-Alinyà vers le SO et le NE (respectivement dans le Système Central ibérique et le Massif Central français).

Quoi ou qui guide ces oiseaux inexpérimentés au long de si amples trajectoires ? Peut-être suivent-ils d'autres vautours ? Utilisent-ils un système de positionnement géographique qui les conduirait vers les colonies les plus proches ? Ou reconnaissent-ils, de manière instinctive, les voies qui reliaient antan les populations ancestrales de l'espèce ?

Nous ne le savons pas encore.

Mais grâce à REE (Red Eléctrica de España), principal donateur des émetteurs satellites que portent les vautours moines marqués, nous pouvons voir si ces trajectoires se superposent.

À titre d'exemple, nous vous présentons les voyages dispersifs réalisés par quatre mâles de la colonie pyrénéenne. Trois en sont natifs : Mim (2013), Pip (2013) et Roc (2014), tandis que Pablo est né dans les installations de reproduction en captivité du GREFA en 2014 et a été libéré dans les Pyrénées la même année. En 2014, Mim a choisi de faire sa première grande escapade vers le SO, jusqu'au Système Central ibérique, tandis que Pip a préféré s'aventurer vers le NE, jusqu'au Massif Central français. En 2015, Pablo et Roc réalisent des trajets symétriques lors de leurs premières dispersions.

Les quatre oiseaux ont réalisé ces déplacements au cours du mois de mai de leur 2e année calendaire.

Un jour, peut-être, un œil électronique nous montrera si les vautours voyagent seuls ou en groupe, s'ils consultent des cartes, utilisent des instruments de navigation, ou bien, si une zone de leur mémoire s'active au moment de prendre leur envol.

Pour l'instant, il nous faut imaginer, comme montés sur leur dos, de quelle manière ils s'orientent sur les voies invisibles de l'océan du ciel.

Mim y PabloMim y Pablo Pip y RocPip y Roc